Notre-Dame de Paris : proposition de réhabilitation et de reconversion de la cathédrale
À la suite de l’incendie de Notre Dame de Paris le 15 avril 2019, l’agence Rhizome a travaillé librement sur une proposition de réhabilitation et de reconversion de la cathédrale.
Ce projet a donné lieu à la réalisation d’un recueil qui sera très prochainement disponible aux personnes désireuses de le lire. Il s’agit d’un ensemble de textes personnels, rédigés par Thierry Dupeux, dans le cadre de la Recherche et Développement de l’agence.
Vous y découvrirez un projet fait principalement de matériaux de recyclages pour refaire la flèche et la charpente, et pour chapeauter l’ensemble, une serre –clinique des plantes en danger-, pour réinventer un jardin de simples comme au moyen-âge.
Vous découvrirez dans ce recueil, une approche écologique du projet, avec sa part critique parfois sur certains points sociétaux de ce sujet. C’est principalement sur ce thème que s’ouvre la réflexion sur un axe plus philosophique. Un esprit critique et de l’humour sont au rendez-vous. Vous avez entendu parler de l’anthropocène ? Maintenant parlons de symbiocène…
En avant-première, nous vous livrons quelques visuels accompagnés du quatrième de couverture de ce recueil.
Quatrième de couverture du recueil « Notre Dame de Paris »
Lundi 15 avril 2019, 18h20, première alerte incendie et fin de l’office.
Evacuation immédiate de l’église…
Y reviendra-t-on jamais ? Par quelle procession et pour quelles espérances ?
L’incendie de ce toit du monde n’est pas le seul à se mourir d’échauffement.
En quelques mois d’intervalle, trois grandes forêts emblématiques nous donnent rendez-vous dans une même violence inédite des flammes : la forêt, nom donné à la charpente de la cathédrale pour saluer l’accumulation d’arbres de bois d’œuvre, parfois tricentenaires nécessaires à son édification, l’Amazonie qui se met enfin à l’agriculture pour entrer dans l’histoire, la forêt Australe que l’anthropisme millénaire d’écobuages a transformé en océan d’eucalyptus.
Comme l’aurait dit la maman de Bambi, auquel cet écrit fait appel…pour ces trois coups du sort ne cherchez pas plus loin le coupable puisqu’il est partout : « …c’est l’Homme », c’est nous !
On attend d’un architecte qu’il nous parle de technique, de matériaux et de métier…Mais il se doit aussi de penser au sens et à la portée de son acte de construire. La matière première sera donc l’air, l’air du temps !
L’histoire que je raconte, je la souhaite résolument contemporaine, témoignage d’une part de notre temps devenu mondialisé et en cours d’écriture.
C’est un conte irrévérencieux, actant que Dieu est mort, qu’un cultuel neuf est là à portée de mains, déjà en place : celui de l’écologie. De fait, le patrimoine cultuel chrétien, s’est mué en imago culturel.
Le projet que je vous invite à découvrir, témoigne d’un positionnement personnel où le citoyen et l’architecte ne font qu’un pour alimenter une proposition. Ce projet va au-delà d’une réhabilitation et fait un pas vers une reconversion, comme un processus religieux.
Je redonne donc, dans ce projet de reconversion de Notre Dame de Paris, son patrimoine religieux, mais à double entrée en somme : le chrétien et l’écologie.
Reste pour chapeauter le tout, une flèche tendue vers le ciel dédiée à l’espérance de tous les contemporains, à toutes les aspirations et à tous les messages que nous nous lançons comme on le fait à chaque nouvelle année. Des messages distillés aux vents qui les portent pour exister dans l’ici et maintenant mais aussi pour faire Histoire.
Il nous faut inventer un nouveau spirituel laïc fait de gestes de commémorations, une piété nouvelle comme au jardin d’Épicure, nouveau jardin de simples.
© Claire Guetta-Lagneau